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La médecine du corps

 

 

 

La médecine du corps est de deux types :

 

La première est celle sur laquelle Allâh – Exalté et Très-Haut soit-Il – a créé les animaux doués de parole et les bêtes. Elle ne requiert pas les soins d’un médecin, comme la manière de remédier à la faim, la soif, le froid et la fatigue, que l’on traite par leur opposé et ce qui les fera disparaître.

 

La deuxième est celle qui demande réflexion et méditation, comme le moyen de repousser les maladies qui déséquilibrent l’humeur soit vers la chaleur, le froid, la sécheresse ou l’humidité, soit en combinant deux d’entre elles. Et ces maladies sont elles-mêmes de deux types : l’une causée par l’ajout d’une substance dans l’organisme ; l’autre par les conséquences de cette substance sur l’humeur¹ après sa disparition.

 

          Les maladies causées par la présence effective sont liées à leurs causes, donc il faut avant tout considérer la cause, puis la maladie et enfin le médicament. Ou encore les maladies organiques qui sont celles qui déséquilibrent l’organe que ce soit dans sa forme, sa concavité, son cours, ses aspérités, son lissage, son nombre, sa taille ou son emplacement. Si ces organes sont liés et sains, on nomme cela « jonction Â», et s’ils quittent cet état d’équilibre, on nomme cela « disjonction Â».

 

          Les maladies générales englobent les maladies similaires et les maladies organiques.

 

          Les maladies similaires sont celles qui déséquilibrent l’humeur, et c’est ce déséquilibre qu’on nomme maladie, lorsqu’elle produit effectivement une nuisance palpable. Elles sont réparties en huit genres : quatre simples et quatre composés. Les simples sont : le froid, le chaud, l’humide et le sec ; tandis que les composés sont : le chaud-humide, le chaud-sec, le froid-humide, et le froid-sec.

 

          Ces maladies peuvent être dues à l’ajout d’une substance ou non. Et si la maladie n’est pas nuisible, on la nomme « déséquilibre de la santé Â».

 

          Le corps a trois états :

 

-Un état normal

-Un état anormal

-Un état médian (entre les deux premiers)

 

Dans le premier état, le corps est sain.

Dans le second, le corps est malade.

Dans le troisième, le corps est entre les deux, car on ne passe d’un état contraire à l’autre que par un moyen intermédiaire.

 

          Le corps sort de sa nature, soit en raison d’une cause interne, car il est composé à partir du chaud et du froid, de l’humide et du sec ; soit en raison d’une cause externe, car ce qu’il rencontre peut convenir ou non.

 

          Le mal qui atteint une personne peut être dû à une mauvaise humeur, en raison de son déséquilibre ; à un dommage dans le membre ; à une faiblesse des forces ou esprits qui la maintiennent. Cela est dû à une augmentation ou une diminution dont l’équilibre n’a pas besoin, à la disjonction de ce dont l’équilibre demande la jonction ; à la jonction de ce dont l’équilibre demande la disjonction ; à la dilatation de ce dont l’équilibre demande la contraction ; ou à la sortie d’un organe de sa forme et son emplacement, si bien qu’il se déséquilibre.

 

          Le médecin est celui qui sépare ce dont le rassemblement nuit, rassemble ce dont la séparation nuit, diminue ce dont l’augmentation nuit, ou augmente ce dont la diminution nuit. Ainsi, il apporte la santé perdue, ou la préserve sous sa forme et son apparence, tout en repoussant le mal présent par son opposé et contraire. Il le fait sortir ou le repousse par ce qui éloigne la maladie existante par l’opposé et le contraire qui le fait sortir ; ou il le repousse par une abstinence (diète) qui l’empêchera de se reproduire. Et tu constateras tout cela dans la voie du Messager d’Allâh – que la Prière et la Paix d’Allâh soient sur lui – d’une manière convaincante et suffisante, par la force, la puissance, la grâce et l’aide d’Allâh – Exalté et Très-Haut soit-Il –.

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¹Pour bien comprendre cet ouvrage, il est nécessaire de savoir que Ibn Al-Qayyim l’écrit alors qu’à son époque la médecine est dominée par la théorie des humeurs qui fut l’une des bases de la médecine antique. En médecine, l’humeur désignait les liquides circulant dans l’organisme tels que le sang, la lymphe et la bile. Selon cette théorie, le corps est constitué des quatre éléments fondamentaux, air, feu, eau et terre possédant quatre qualités : chaud ou froid, sec ou humide. Ces éléments, mutuellement antagoniques (l’eau, la terre éteignent le feu, le feu fait s’évaporer l’eau) doivent coexister en équilibre pour que la personne soit en bonne santé. Tout déséquilibre mineur entraîne des « sautes d’humeur Â», tout déséquilibre majeur menace la santé du sujet. La santé (de l’esprit ou du corps) varie en fonction de l’équilibre des humeurs dans le corps. Lors d’un déséquilibre, quand une humeur l’emporte sur toutes les autres, ou que son influence est excessive, les maladies physiques et psychiques surviennent. Les traitements sont donc calculés pour rétablir l’équilibre et les régimes pour le maintenir. Si l’humeur ne peut s’évacuer naturellement (par vomissement, expectoration, saignement de nez, urine ou défécation), on peut avoir recours à des remèdes qui vont la provoquer (purgatifs, saignées). Dans le cas contraire, lorsqu’une humeur fait défaut, on peut y remédier par une nourriture appropriée, ou des exercices physiques. Il faut également bien distinguer ce qui, dans les propos de l’auteur, est basé sur un Texte du Qur’ân-i Kerim et de la Sunna, et ce qui fait référence à l’expérience et aux remèdes connus de l’époque.

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